Depuis sa création, le 2^e Régiment étranger de parachutistes en a fait sa marque de fabrique : un grand nombre d’innovations ont été pensées au sein du régiment avant d’être adoptées par les autres unités de la 11^e Brigade parachutiste.

Tout d’abord, des innovations ont été réalisées en terme d’emploi des matériels avec la mise au point d’une nouvelle méthode de transport du parachute EPC (Ensemble de Parachutage du Combattant) après le saut ou une proposition d’emploi de l’EPC sur plan d’eau. Ensuite, le régiment a proposé la modification de matériels existants : le fourreau d’armes EL33 pour le fusil d’assaut HK416 et la confection de l’EL34 avec le fusil de précision HK417. Le 2^e REP a également développé de nouveaux matériels tels que le nouveau lot de réarticulation en service au sein des unités de la 11^e BP ainsi que le fourreau multiarmes (EL 125) en service au sein du Groupe Commando Parachutiste (GCP).

Aujourd’hui, deux projets sont en cours de développement dans le cadre de la mission innovation et font d’ores et déjà l’objet de financement en vue de leur développement.

Le premier est une station météo déportée et connectée, développée par un chef d’équipe du GCP. Le concept est simple : sur un mat aérotransportable, largable et évidemment d’un encombrement et d’un poids réduits, le commando dispose d’une station météo complète (baromètre, thermomètre et anémomètre). Cette station est mise en service aux abords d’une Zone de Mise à Terre (ZMT) que l’équipe commando parachutiste est chargée de marquer au profit d’une unité amie qui sera larguée en ouverture automatique ultérieurement. Les appareils météo sont connectés en bluetooth avec l’ordinateur et les moyens de transmission du marqueur qui peut ainsi retransmettre en direct les éléments météo par moyen satellitaire, tout en étant dissimulé aux abords de la ZMT. Le mat peut être mis en œuvre près d’une haie ou au milieu d’un bosquet, assurant ainsi sa discrétion.

Le second projet consiste en une caisse aérolargable, complètement étanche et tractable. Cette caisse de type container tactique, offre ainsi la possibilité de larguer du matériel sensible, dans un environnement pressurisé et à l’abri des conditions climatiques et de terrain. Son transport à l’issue du saut est également facilité grâce à poignée escamotable (comme sur les valises de voyage) et à des roulettes montées sur un essieu pliable rendant très rapide sa récupération par les servants à l’issue du saut et son transport jusqu’à la zone de réarticulation.

L’acquisition récente d’un mannequin de simulation médicale de haute fidélité permet désormais un réalisme inégalé pour l’entraînement à la prise en charge des blessés.

Un don de la fondation Nordonia

Sir Donald Gosling est un entrepreneur britannique qui est resté marqué à vie par sa participation à la seconde guerre mondiale où, en mer Méditerranée, il avait assisté au naufrage d’un navire britannique coulé par une mine. Devenu plus tard milliardaire, il n’avait pas oublié cette épreuve du feu ni tous ces marins morts ou blessés, et avait choisi généreusement, via sa fondation Nordonia, d’aider la prise en charge des blessés dans les armées occidentales.

C’est donc avec enthousiasme, à l’automne 2018, que Sir Donald Gosling avait d’emblée accepté un projet du 2ème REP permettant une plus-value considérable dans le sauvetage au combat. Décédé en septembre 2019, il n’a pas pu venir à Calvi voir l’aboutissement de son projet mais c’est donc en son honneur, et à la demande du nouveau président de la fondation Nordonia, que le mannequin a été baptisé : Sir Don.

Un mannequin unique dans l’armée de Terre

Sir Don est un mannequin particulièrement sophistiqué destiné à travailler la prise en charge d’un blessé. C’est donc un mannequin dont l’état de santé est d’abord mesurable : pression artérielle, pouls radiaux, fémoraux et carotidiens, auscultation cardiaque et pulmonaire, taille des pupilles et reflexe pupillaire, clignement des paupières : quelques exemples de ce que Sir Don peut faire. De plus, un système de micro permet à un opérateur à distance de répondre aux questions des secouristes : Sir Don parle donc, et son état de santé évolue. Hémorragie, choc hémorragique, fibrillation : les différents incidents peuvent être commandés à distance. Si les soins ne sont pas correctement faits, Sir Don se dégrade ! Enfin, Sir Don est rustique : il peut être trainé par terre, transporté en hélicoptère, laissé sous la pluie. Une liaison wi-fi permet toujours d’en garder le contrôle.

Un atout du légionnaire au médecin

Avec un tel mannequin, l’entraînement à la prise en charge des blessés prend une nouvelle dimension. Sir Don permet de faire travailler la totalité de la chaine santé, du légionnaire qualifié sauvetage au combat de 1er niveau (SC1), jusqu’au binôme médecin et infirmier, qualifiés sauvetage au combat de 3ème niveau. Pour le SC1, Sir Don permet par exemple de poser réellement un garrot : ce n’est pas comme sur un camarade ou un mannequin inerte : si le garrot n’est pas suffisamment serré, l’hémorragie se poursuit ! Pour le SC2, Sir Don permet de travailler tous les gestes techniques : pose de voie périphérique veineuse ou intra osseuse, exsufflation intercostale, coniotomie percutanée,… Enfin, Sir Don permet ensuite de faire travailler les équipes médicales jusqu’à la réanimation sur le terrain ou au Role 1 (le poste de secours médical régimentaire).

Un élan pour la cellule secourisme…

Ce don de la fondation Nordonia donne à la cellule secourisme du régiment un élan extraordinaire. Installée récemment dans des nouveaux locaux très fonctionnels, à proximité immédiate du village de combat de La Chouette ce qui permet des mises en situation rapide, la cellule secourisme pourra désormais proposer des exercices techniques ou tactiques variés.

… permis par un lien étroit et unique avec l’antenne médicale

L’arrivée de Sir Don manifeste aussi l’intégration inégalée de l’antenne médicale au sein du régiment. Si Sir Don peut être mis en œuvre sans médecin pour des cas simples, un exercice complet de soins nécessite bien sûr une expertise médicale pour concevoir le cas clinique puis contrôler l’évolution du blessé. Les médecins du régiment pourront donc devenir tour à tour contrôleurs et joueurs, dans des exercices techniques dédiés uniquement aux équipes médicales, ou bien dans des exercices tactiques associant des sections ou compagnies. Grâce à Sir Don, les gestes très techniques mais rarement mis en œuvre en situation réelle pourront être désormais être travaillés et répétés.

Les légionnaires parachutistes ont embarqué dans l’Airbus A400M à l’aéroport de Calvi, pour une campagne de sauts d’expérimentation dirigée par la section technique de l’Armée de Terre, sous les ordres du colonel LEJUSTE, ancien commandant d’unité du 2^e REP.

D’une longueur de 45 mètres et haut comme un immeuble de quatre étages pour une masse à vide de 80 tonnes, l’appareil en impose. Cette impression de puissance est décuplée lorsque ses quatre turbopropulseurs de plus de 11 000 chevaux chacun l’arrachent à la piste pour prendre les airs au-dessus de la baie de Calvi.  C’est dans ce mastodonte que les légionnaires du 2^e REP ont embarqué pour réaliser le 1^er saut à ouverture automatique depuis cet aéronef, sur la zone de saut de Calvi. Tous ont décrit d’excellentes sensations, notamment grâce au déflecteur placé devant la porte qui dévie le flux d’air et permet d’effectuer une sortie dans les meilleures conditions.

Puisqu’une innovation n’arrive jamais seule au 2^e REP, la 3^e compagnie experte dans le combat nautique a réalisé les premiers sauts en mer depuis ce nouvel avion, de jour mais également de nuit.  Elle a ainsi mis en application les toutes récentes évolutions en matière de réglementation, évolutions qu’elle avait elle-même expérimenté avec les premiers sauts en mer muni du nouveau parachute (EPC).

Véritables pionniers dans leur domaine, les Noirs de la compagnie nautique ont chaussé leur combinaison néoprène dès le lendemain pour s’éjecter en pleine nuit au-dessus de la baie de Calvi. Jamais une telle mise en place aéroportée n’avait été réalisée depuis un Airbus A400M.